Chaleur. J’ai que ce mot dans le crâne depuis que j’ai posé les pieds sur cette île, mais genre vraiment chaleur. Il y fait affreusement chaud. Pas juste chaud comme si tu te tenais à cinq mètres d’un feu de camp, chaud comme si le soleil était descendu de son perchoir pour venir te cramer tous les poils de ton corps. Le derche ne sera pas épargné, non.
On crame donc, ‘fin moi en tout cas je crame. Comme l’impression d’être un steak en plein cagnard, qui cuit sur les grilles d’un barbecue sauvage. J’ai même pas pu mettre de l’autobronzant en plus, avec ma peau sensible à une trop forte exposition aux rayons du soleil, je risque au moins un cancer aggravé. Enfin, si d’ici-là, la fournaise ambiante aura pas cramé toutes les cellules de mon corps. J’ai rencontré un gars un jour qui m’a dit qu’il valait mieux avoir froid qu’avoir chaud, parce que si tu te les gèles tu peux te couvrir pour te réchauffer. Alors que si t’as chaud, mais que t’es déjà entièrement nu, bah tu l’as dans l’os…
J’ai encore toutes mes fringues, j’ai même acheté un foulard pour me couvrir la face durant la traversée du désert et un chapeau aux bords retroussés vers l’intérieur. Très important le chapeau que m’a dit le vendeur, sans ce petit accessoire, sur cette île, vous êtes foutus. Les locaux ont fait passer une loi très importante à ce sujet, une avec laquelle ils ne rigolent pas contrairement aux autres lois existantes. Le port du chapeau est obligatoire.
Je suis donc arrivé sur mon cheval noir, parce que le blanc j’ai dû le laisser à un type qui s’appelait Henry le Quatrième, il a aligné plus de berrys que moi et forcément dans la vie c’est celui qui a le plus de fric qui l’emporte. Je me suis contenté de Tonnerre Grondant, ce que je regrette pas au final, un vrai éclair ce cheval ! Un peu têtu et rebel, mais une fois qu’on a réussi à le dompter, c’est une petite crème !
Fièrement posé sur Tonnerre Grondant, me voilà qui fait mon entrée dans la ville d’Exact Town. On m’avait prévenu que ça ressemblait pas à ce qu’on pouvait trouver dans les villes plus évoluées, plus avancées. Je m’étais fait l’idée d’une tribu de sauvages armés de lances et de lance-pierres, je suis plutôt agréablement surpris du coup. Ils ont pas des lances, mais des revolvers qu’ils appellent ça. Je m’en suis fourni un, première boutique à l’entrée du village, sur la droite, un marchand d’armement.
Sur la pancarte de bois dressée à côté des marches du perron, la phrase d’accroche dit que le vieux Bill O’Logan peut vous fournir tout ce dont vous avez besoin pour cracher la foudre. Et il avait raison. J’ai perdu quelques billets au passage, mais voilà qu’autour de ma taille trône un holster flambant neuf, dans lequel est rangé mon tout premier revolver de pistolero !
Ce qui fait donc de moi un pistolero. Cure-dent coincé entre les lèvres, regard sévère, les yeux légèrement plissés et les mâchoires serrées, je descends de ma monture, m’empare des rennes et conduit mon cheval contre la rambarde en bois pour l’y attacher. C’est marrant parce qu’ici, tout est fait de bois. Des planches de bois partout, pour tout. Une seule étincelle, un départ de feu et c’est terminé. Exact Town devient Ashes Town.
Je me sens observé, d’un peu partout à la fois, de personnes que je peux voir du coin de l'œil pendant que je termine le nœud attachant les rennes à la rambarde, mais aussi des gens que je ne discerne pas. Probablement des locaux, suspicieux à la vue d’un nouvel arrivant en ville, qui m’épient derrière les rideaux de leurs habitations. C’est pas franchement ambiance confiance totale ici, mais ça a son charme.
Comme un cowboy en promotion, je monte les marches et m’avance jusqu’aux portes battantes du saloon. Des portes que je claque vers l'intérieur d’un coup sec des paumes de la main, geste énergique et enthousiaste, trahissant l’excitation que je peux ressentir à pénétrer dans un lieu pareil. Ici, m’a-t-on dit, se rassemblent toutes les plus fortes têtes de la ville, afin de picoler, de jouer aux cartes, de fumer des cigares et écouter le même groupe depuis des années jouer les mêmes mélodies depuis autant de temps. Ici, on aime se battre, distribuer des grosses mandales dès qu’on est contrarié et ravager le bar en balançant des chaises au travers de la pièce. Ici, une soirée sans bagarre générale, ce n’est pas une bonne soirée.
Et surtout, ici, on aime pas les étrangers. Les Gadjos, comme on les appelle ici. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.
Le Gadjo que je suis se fait immédiatement analyser par tous les poivrots et piliers de comptoir dans le saloon. Y’en a pas un qui m’adresse un sourire ou la bienvenue et si leurs yeux pouvaient tirer des balles, j’aurai la carcasse trouée comme du gruyère depuis longtemps. Pas le genre de truc pour autant qui m’impressionne.
Je vais directement au bar, poser les miches sur un tabouret. Le tenancier vient prendre ma commande. – Qu’est-ce que je lui sers au Gadjo ? Je sens au ton de sa voix qu’il ne veut pas me servir, mais que c’est une obligation. Tout le monde a le droit de consommer en ville, y’a aucune règle qui l’interdit. – Vous avez de la purée de tomates ? Je ricane, amusé, mais déchante aussitôt quand je comprends que la blague s’est écrasée lamentablement au sol sans même esquisser un sourire à son destinataire. L’épaisse moustache qui lui couvre les lèvres n’a pas bronché.
Dans mon dos aussi, je sens que la petite vanne n’a pas trouvé son public. – Ça va, ça va, je plaisante ! Un whisky sec s’il vous plaît ! L’atmosphère se détend légèrement, le barman soupire et me prépare ma commande qu’il claque devant moi, contre le bois de son comptoir, une fois prête. – Merci bien ! Je pense pas qu’il ait entendu, il m’a tourné le dos dans la foulée.
C’est une ambiance particulière, Exact Town.
J’aime bien.
On crame donc, ‘fin moi en tout cas je crame. Comme l’impression d’être un steak en plein cagnard, qui cuit sur les grilles d’un barbecue sauvage. J’ai même pas pu mettre de l’autobronzant en plus, avec ma peau sensible à une trop forte exposition aux rayons du soleil, je risque au moins un cancer aggravé. Enfin, si d’ici-là, la fournaise ambiante aura pas cramé toutes les cellules de mon corps. J’ai rencontré un gars un jour qui m’a dit qu’il valait mieux avoir froid qu’avoir chaud, parce que si tu te les gèles tu peux te couvrir pour te réchauffer. Alors que si t’as chaud, mais que t’es déjà entièrement nu, bah tu l’as dans l’os…
J’ai encore toutes mes fringues, j’ai même acheté un foulard pour me couvrir la face durant la traversée du désert et un chapeau aux bords retroussés vers l’intérieur. Très important le chapeau que m’a dit le vendeur, sans ce petit accessoire, sur cette île, vous êtes foutus. Les locaux ont fait passer une loi très importante à ce sujet, une avec laquelle ils ne rigolent pas contrairement aux autres lois existantes. Le port du chapeau est obligatoire.
Je suis donc arrivé sur mon cheval noir, parce que le blanc j’ai dû le laisser à un type qui s’appelait Henry le Quatrième, il a aligné plus de berrys que moi et forcément dans la vie c’est celui qui a le plus de fric qui l’emporte. Je me suis contenté de Tonnerre Grondant, ce que je regrette pas au final, un vrai éclair ce cheval ! Un peu têtu et rebel, mais une fois qu’on a réussi à le dompter, c’est une petite crème !
Fièrement posé sur Tonnerre Grondant, me voilà qui fait mon entrée dans la ville d’Exact Town. On m’avait prévenu que ça ressemblait pas à ce qu’on pouvait trouver dans les villes plus évoluées, plus avancées. Je m’étais fait l’idée d’une tribu de sauvages armés de lances et de lance-pierres, je suis plutôt agréablement surpris du coup. Ils ont pas des lances, mais des revolvers qu’ils appellent ça. Je m’en suis fourni un, première boutique à l’entrée du village, sur la droite, un marchand d’armement.
Sur la pancarte de bois dressée à côté des marches du perron, la phrase d’accroche dit que le vieux Bill O’Logan peut vous fournir tout ce dont vous avez besoin pour cracher la foudre. Et il avait raison. J’ai perdu quelques billets au passage, mais voilà qu’autour de ma taille trône un holster flambant neuf, dans lequel est rangé mon tout premier revolver de pistolero !
Ce qui fait donc de moi un pistolero. Cure-dent coincé entre les lèvres, regard sévère, les yeux légèrement plissés et les mâchoires serrées, je descends de ma monture, m’empare des rennes et conduit mon cheval contre la rambarde en bois pour l’y attacher. C’est marrant parce qu’ici, tout est fait de bois. Des planches de bois partout, pour tout. Une seule étincelle, un départ de feu et c’est terminé. Exact Town devient Ashes Town.
Je me sens observé, d’un peu partout à la fois, de personnes que je peux voir du coin de l'œil pendant que je termine le nœud attachant les rennes à la rambarde, mais aussi des gens que je ne discerne pas. Probablement des locaux, suspicieux à la vue d’un nouvel arrivant en ville, qui m’épient derrière les rideaux de leurs habitations. C’est pas franchement ambiance confiance totale ici, mais ça a son charme.
Comme un cowboy en promotion, je monte les marches et m’avance jusqu’aux portes battantes du saloon. Des portes que je claque vers l'intérieur d’un coup sec des paumes de la main, geste énergique et enthousiaste, trahissant l’excitation que je peux ressentir à pénétrer dans un lieu pareil. Ici, m’a-t-on dit, se rassemblent toutes les plus fortes têtes de la ville, afin de picoler, de jouer aux cartes, de fumer des cigares et écouter le même groupe depuis des années jouer les mêmes mélodies depuis autant de temps. Ici, on aime se battre, distribuer des grosses mandales dès qu’on est contrarié et ravager le bar en balançant des chaises au travers de la pièce. Ici, une soirée sans bagarre générale, ce n’est pas une bonne soirée.
Et surtout, ici, on aime pas les étrangers. Les Gadjos, comme on les appelle ici. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.
Le Gadjo que je suis se fait immédiatement analyser par tous les poivrots et piliers de comptoir dans le saloon. Y’en a pas un qui m’adresse un sourire ou la bienvenue et si leurs yeux pouvaient tirer des balles, j’aurai la carcasse trouée comme du gruyère depuis longtemps. Pas le genre de truc pour autant qui m’impressionne.
Je vais directement au bar, poser les miches sur un tabouret. Le tenancier vient prendre ma commande. – Qu’est-ce que je lui sers au Gadjo ? Je sens au ton de sa voix qu’il ne veut pas me servir, mais que c’est une obligation. Tout le monde a le droit de consommer en ville, y’a aucune règle qui l’interdit. – Vous avez de la purée de tomates ? Je ricane, amusé, mais déchante aussitôt quand je comprends que la blague s’est écrasée lamentablement au sol sans même esquisser un sourire à son destinataire. L’épaisse moustache qui lui couvre les lèvres n’a pas bronché.
Dans mon dos aussi, je sens que la petite vanne n’a pas trouvé son public. – Ça va, ça va, je plaisante ! Un whisky sec s’il vous plaît ! L’atmosphère se détend légèrement, le barman soupire et me prépare ma commande qu’il claque devant moi, contre le bois de son comptoir, une fois prête. – Merci bien ! Je pense pas qu’il ait entendu, il m’a tourné le dos dans la foulée.
C’est une ambiance particulière, Exact Town.
J’aime bien.